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REF: 10211

Étonnante lettre scabreuse et délirante d’André Derain.

André Derain (Chatou, 1880/1954)
Peintre, un des fondateurs du fauvisme.
Type de document : lettre autographe signée
Nb documents - pages - format : 1 - 4 - In-8
Lieu : Hénin-Liétard [Pas-de-Calais]
Date : 18/10/1902
Destinataire : Son ami Philbert
Etat : petite déchirure au pli central, petits trous d'épingle, papier jauni.

Incroyable lettre d'André Derain, d'un ton tout à fait délirant, écrite durant son service militaire, et que l'on imagine sous l'emprise de substances illicites.
« Journée de garde. Imbécile emploi du temps. Une heure de factions à la porte. Une heure aux chiottes pour empêcher de chier. Souvenirs d'un soldat. Journée céleste qui aurait peut être pu être employée aux folies ou extases bleues dans les bras de l'objet aimé ou aux affres du travail producteur et fécond mais non là ici sur le banc et la table gras et poisseux à crayonner aux amis éloignés les rancoeurs d'un ennemi stérile ; Astiqué et rasé de frais mais les pieds les mains et la chemise sales. Reçu du trèfle incarnat et des cuisses entrevues dans des fouillis chauds et vaporeux. et tout cela loin. les valses idiotes des heures d'absinthe et le défilé ininterrompu d'un boulevard qui t'a au cul. Mon pauvre Philbert, tandis que tu souffles avec des yeux démesurés dans un saxophone par trop baryton, tu pourrais peut être baiser la femme de tes rêves la blonde ou la brune ou la rousse et d'hygiénique pauvresse qu'il est ton amour deviendrait. Acharné et prudent Gilles est parti pour le beau pays où l'on s'emmerde sur le boulevard devant une absinthe et où il passe des gens qui vont au cul où l'on rêve de compagnes et d'amours cachées [...]. Bonjour aux copains et merde aux autres. Je ne suis pas soul."

Ecrite au crayon.
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Description

Incroyable lettre d’André Derain, d’un ton tout à fait délirant, écrite durant son service militaire, et que l’on imagine sous l’emprise de substances illicites.
« Journée de garde. Imbécile emploi du temps. Une heure de factions à la porte. Une heure aux chiottes pour empêcher de chier. Souvenirs d’un soldat. Journée céleste qui aurait peut être pu être employée aux folies ou extases bleues dans les bras de l’objet aimé ou aux affres du travail producteur et fécond mais non là ici sur le banc et la table gras et poisseux à crayonner aux amis éloignés les rancoeurs d’un ennemi stérile ; Astiqué et rasé de frais mais les pieds les mains et la chemise sales. Reçu du trèfle incarnat et des cuisses entrevues dans des fouillis chauds et vaporeux. et tout cela loin. les valses idiotes des heures d’absinthe et le défilé ininterrompu d’un boulevard qui t’a au cul. Mon pauvre Philbert, tandis que tu souffles avec des yeux démesurés dans un saxophone par trop baryton, tu pourrais peut être baiser la femme de tes rêves la blonde ou la brune ou la rousse et d’hygiénique pauvresse qu’il est ton amour deviendrait. Acharné et prudent Gilles est parti pour le beau pays où l’on s’emmerde sur le boulevard devant une absinthe et où il passe des gens qui vont au cul où l’on rêve de compagnes et d’amours cachées […]. Bonjour aux copains et merde aux autres. Je ne suis pas soul.”

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