Lettre de Georges Herbiet à Albert Gleizes
Lettre dactylographiée signée de Georges Herbiet, adressée à Albert Gleizes.
"[...] Je me suis trouvé dans l'obligation de passer tout l'été à Paris parce que le veulent ainsi "les affaires" de notre temps, et que précisément ces affaires sont entre les mains d'âmes noires telles qu'avocats, huissiers, notaires dont dépend notre viatique.
C'est ainsi que la guerre continue et que bien malgré soi chacun est tenu de ne penser qu'à soi-même. Il faudrait pouvoir éclater de rire à la seule pensée du tribunal symbole de Justice. Mais j'avoue ne pas avoir le coeur de rire lorsqu'il y va de nos moyens d'existence de la "sécurité matérielle" de notre "droit vénal". Ne voilà-t-il pas un joli vocabulaire reconstituant, détersif, et alibile [sic] ; voilà trois mois que j'en vis. [...] J'aime, vous le savez, l'atmosphère chaude des étables je vous jure que l'élevage du porc réussit à merveille dans les bauges administratives. Quel enseignement ! Il m'apparaît bien que j'en ai pour quelque temps encore [...]".
Il cherche une propriété pour un ami et en donne le cahier des charges.
"Donnez-nous de vos nouvelles, cela nous fera tellement plaisir. Ma femme et moi nous serions très heureux d'apprendre que vous avez passé un bon séjour dans le Midi et que les travaux de la présente "campagne" vous donnent satisfaction. L'idéalisme de Mme Gleizes à lui seule le mérite. Soyez ensuite tous deux assurés que nous aurions grand agrément à pouvoir confronter nos doctrines plutôt que de nous mortifier dans la noirceur des litiges écrits eux aussi noir sur blanc comme s'il se pouvait que cela pût devenir un jour parole d'évangile [...]".
Description
Lettre dactylographiée signée de Georges Herbiet, adressée à Albert Gleizes.
“[…] Je me suis trouvé dans l’obligation de passer tout l’été à Paris parce que le veulent ainsi “les affaires” de notre temps, et que précisément ces affaires sont entre les mains d’âmes noires telles qu’avocats, huissiers, notaires dont dépend notre viatique.
C’est ainsi que la guerre continue et que bien malgré soi chacun est tenu de ne penser qu’à soi-même. Il faudrait pouvoir éclater de rire à la seule pensée du tribunal symbole de Justice. Mais j’avoue ne pas avoir le coeur de rire lorsqu’il y va de nos moyens d’existence de la “sécurité matérielle” de notre “droit vénal”. Ne voilà-t-il pas un joli vocabulaire reconstituant, détersif, et alibile [sic] ; voilà trois mois que j’en vis. […] J’aime, vous le savez, l’atmosphère chaude des étables je vous jure que l’élevage du porc réussit à merveille dans les bauges administratives. Quel enseignement ! Il m’apparaît bien que j’en ai pour quelque temps encore […]”.
Il cherche une propriété pour un ami et en donne le cahier des charges.
“Donnez-nous de vos nouvelles, cela nous fera tellement plaisir. Ma femme et moi nous serions très heureux d’apprendre que vous avez passé un bon séjour dans le Midi et que les travaux de la présente “campagne” vous donnent satisfaction. L’idéalisme de Mme Gleizes à lui seule le mérite. Soyez ensuite tous deux assurés que nous aurions grand agrément à pouvoir confronter nos doctrines plutôt que de nous mortifier dans la noirceur des litiges écrits eux aussi noir sur blanc comme s’il se pouvait que cela pût devenir un jour parole d’évangile […]”.
